Étonnament, le trajet s’est déroulé plus rapidement qu’escompté. Pourtant, quatre heures de vélo, ça semble être encore plus barbant qu’en voiture. Heureusement, non.
Outre le fait qu’il faille rester sur ses gardes au guidon, et surveiller sa trajectoire, l’incessante variété du paysage lave continuellement l’ennui des yeux.
En passant à Cubzac-les-Ponts, sous le viaduc ferroviaire, la forme de ses piles m’évoqua quelque chose de romain dans sa stature la taille de ses pierres, dans ses volumes, dans ses voûtes fortes et épaisses.
Le relief, verdoyant et rafraîchissant, me fit subir cependant quelques-uns de ses caprices, et me rappelait le poids que j’emportais à l’arrière.
Arrivé à Montendre pour le déjeuner, je pris un sandwich que j’allai croquer au pied du château, sur le plus haut point du village.
Un gros chat noir, panthère de ces lieux, me fit l’honneur d’un passage, mais ne s’arrêta pas pour me réclamer une taxe agréable à son appétit, et me laissa donc repartir.
Enfin à Jonzac, je ne pus trouver d’autre lieu de séjour que le camping municipal, à l’endroit d’un carré d’herbe pilonné par des fientes de pigeons dodus et oisifs, roucoulant de satisfaction dans les branches supérieures.
Vers 22:00, un grondement dans le ciel fit l’annonce d’un orage. Il me tirait du sommeil, et je pris la précaution de retirer mon linge des fils à sécher. Mon voisin de tente, sans doute sensible aux phénomènes météo, m’assura “que ce n’était qu’un orage de chaleur”, et qu’aucune goutte ne tomberait.
Dix minutes plus tard, lui et sa compagne allèrent trouver refuge dans leur voiture à cause de l’averse qui s’était ouverte au-dessus de nous.
C’est dans ce crépitement nocturne que s’achèva la première journée.